Commission portuaire de bien-être des gens de mer de La Rochelle

La commission portuaire de bien-être s’est réunie pour la première fois le 22 septembre 2010 à La Rochelle. Nous nous plaçons aujourd’hui, après de longues années d’efforts et de nombreuses démarches, dans le registre de l’application des conventions internationales. Ce nouvel espace institutionnel, arrivant après l’engagement et la détermination de personnes volontaires et d’associations, est à construire. Les membres de la commission, désignés pour représenter au mieux les différentes parties intéressées par le sujet (associations, autorités portuaires et administratives, collectivités territoriales, représentants des armateurs et des opérateurs portuaires, représentants des organisations syndicales) ont montré leur attachement à ce que l’accueil des gens de mer en escale, jugé indispensable, soit réalisé de la meilleure façon possible. La Direction Départementale des Territoires et de la Mer, assumant la présidence de la commission, a affiché la volonté que cette instance de concertation travaille de manière efficace, avec un calendrier de réunion de bureau établi et un suivi des objectifs.

Après un rappel du contexte juridique et réglementaire, l’activité de Marin’Escale animant le Seamen’sClub de La Rochelle été exposée, avec les différentes prestations proposées et les ressources disponibles. Cependant, en la matière, tout ne doit  pas reposer.sur l’offre de service de l’association d’accueil. Différents points ont été abordés, de manière générale, lors de cette première réunion en recensant les principales préoccupations pour ce qui a trait

–          à la circulation et au transport des équipages dans l’enceinte portuaire et en ville,

–          à la signalétique et aux  dispositifs d’information,

–          aux moyens de communication,

–          à la prise en compte de situations particulières ou des plaintes des équipages,

–          à des aménagements ou équipements.

Le bureau de la commission, dans lequel Marin’Escale est bien représentée, devra faire un inventaire précis des besoins, en proposant de manière concertée des solutions. Lors de cette première commission, de manière pragmatique et de façon à assurer un financement pérenne des emplois du personnel qualifié en charge de l’accueil à Marin’Escale, les échanges ont fait ressortir la nécessité que les contributions des navires soient rendues obligatoires. Il est à noter que la majorité des armateurs contribuaient déjà de manière volontaire, à hauteur de 15 à 20 € par escale. L’assiette des contributions reste toutefois incomplète et insuffisante pour financer les salaires. Une contribution navire généralisée, obligatoire et réévaluée de manière adaptée devrait ainsi permettre de pérenniser l’emploi des animateurs en requalifiant un contrat aidé en contrat à durée indéterminé. C’est en ce sens que les travaux vont être menés afin que le dossier aboutisse le plus rapidement possible, par l’intégration des contributions navires dans les droits de ports ou toute autre solution adéquate. Le calendrier des réunions de la commission a été établi, avec une réunion plénière à la fin du mois de novembre, en espérant qu’à ce stade les dispositions et décisions auront été prises afin que la dynamique initiée par l’OMI lors de cette « année du Marin » se concrétise dans la réalité par une amélioration des conditions d’accueil des gens de mer dans notre port.

S’il est apparu un quasi consensus pour que la demande de rendre obligatoire la contribution des navires soit retenue, il conviendra certainement de démontrer la pertinence de cette proposition. Le sort du bien-être des gens de mer dans les ports est un domaine méconnu. Le bureau de la commission doit s’interroger sur les moyens de communiquer et d’informer, afin que cette démarche soit comprise et acceptée par la collectivité et l’ensemble de la communauté portuaire et maritime. Marin’escale pourra alors envisager les possibilités d’évolution à même de pérenniser son fonctionnement, améliorer la qualité de son service et son attractivité.

” Pourquoi ? Pourquoi prendre la mer ? Travailler, passer une vie entière au large, à l’écart du monde. Cette question nous concerne, lorsque l’on se préoccupe de l’accueil et du bien-être des gens de mer, lors du temps, compté, de l’escale. Qu’est-ce que le bien-être dans les ports, après les traversées ? Que doit-on offrir, proposer ?

Le principe préalable, néanmoins indispensable, de respect des législations applicables ; ainsi que les sentiments initiaux de compassion  doivent être dépassés. Quand il est question de faire évoluer les structures d’accueil existantes, en s’appuyant comme cela a été demandé de manière légitime, sur des sources de financement pérennes, il convient d’exprimer de manière explicite l’intérêt de cette démarche à toutes les parties intéressées.

Le métier de marin exige savoir faire, expérience et, surtout « savoir-être ». l’Organisation maritime internationale ne s’y est pas trompée en proclamant l’année 2010 : « année du marin », rendant ainsi hommage à la valeur du travail accompli par les marins, en initiant des actions en leur faveur.

L’instant de l’escale, dans le cours d’une vie maritime, est précieux. Les ports se sont éloignés, voire séparés des villes pour des impératifs techniques liés à la sécurité ou à la sûreté. Les escales sont de plus en plus courtes et le travail à bord doit être assuré en permanence pour suivre les opérations commerciales ou de maintenance. Pourtant, la découverte d’une ville portuaire étrangère, même si cela est difficile par manque de temps ou de moyens, constitue toujours un élément d’attractivité de la navigation ; et le besoin de s’évader, ne serait ce qu’un court moment du cadre de travail et de vie constitué par le navire est légitime. Accueillir les équipages, faciliter leurs déplacements et la communication avec leurs proches, informer, proposer des services ou des animations, résoudre les situations problématiques ou particulières ; toutes ces actions nécessitent d’êtres mises en place de manière concertée, avec des financements adaptés et évalués grâce aux travaux de la commission portuaire de bien-être, en accord avec tous les acteurs impliqués.

Le monde maritime est en constante évolution et la prise en compte des facteurs humains et sociaux devient essentielle. Chaque Etat Membre, les acteurs et les intervenants de la communauté maritime et portuaire, tout comme les Collectivités, doivent avoir conscience qu’accueillir les marins, se préoccuper de leur bien-être dans les ports est une nécessité afin de :

–          Se conformer aux exigences des conventions internationales ;

–          Reconnaître et respecter la valeur du travail des gens de mer ;

–          Anticiper et résoudre des problématiques humaines et sociales ;

–          Maintenir l’attractivité du métier ;

–           Contribuer à la sécurité et l’efficacité du transport maritime ;

Les principaux bénéficiaires de cette démarche, à savoir les opérateurs maritimes, se doivent de participer à son financement, par le biais de contributions incluses dans le compte d’escale de leurs navires, à l’image de tout autre service.

Les structures d’accueil, par leurs contacts permanents et privilégiés avec les marins de toutes conditions, sont des observatoires, des lieux d’échanges et d’écoute permettant de recueillir leurs témoignages et leurs sentiments par rapport à l’exercice de leur profession. Cet espace informel offre la possibilité d’évaluer leurs besoins et bien sûr de répondre à leurs préoccupations. Les associations, en professionnalisant leurs interventions par l’emploi de personnels qualifiés, sont soumises à une exigence de prestation de service et à un devoir de conseils auprès des institutions. Elles doivent toutefois veiller à entretenir une dynamique et une attractivité afin que les bénévoles continuent de s’y investir. Les Seamen’s Club, intégrés à l’activité portuaire, permettent  aux personnes volontaires de découvrir une des composantes de la vie maritime, en rencontrant et en rendant service aux équipages venus du monde entier.

Tous ces éléments, réunis dans une place portuaire, devraient concourir à donner une bonne image de la ville, port-escale, communauté portuaire et habitants accueillant de manière respectueuse les gens de mer, tout en entretenant un indispensable lien culturel et humain avec le milieu maritime contemporain.

«Le marin mène son âme là où, un jour, ses yeux l’ont porté. Au-delà de l’horizon. Et puis, il fait escale… »

Nous avons besoin des marins, ils méritent toutes nos attentions…”