L’accueil des marins au Havre : les doutes

Association. L’accueil des gens de mer est assuré du soutien des politiques et de la communauté portuaire mais manque de visibilité.

Les bénévoles et le bureau de l’Association havraise de l’accueil des marins (AHAM), le bras armé du Seamen’s club, sont envahis par des sentiments partagés. S’ils n’ont aucun doute sur le sens de leur engagement, il leur est difficile de se projeter sereinement dans l’avenir. Comme une épée de Damoclès, trop d’incertitudes pèsent au-dessus de leur tête. Victime collatérale des déboires économiques de l’Agism (Association pour la gestion des institutions sociales de la Marine), gestionnaire de l’hôtel des Gens de mer et du désengagement de l’Enim, (Établissement national des Invalides de la Marine, propriétaire des murs qui a décidé de se séparer de ses « bijoux de famille », la situation est inquiétante. Le couperet est déjà tombé. L’Agism a licencié deux salariés qui étaient mis à disposition pour l’AHAM pour assurer l’accueil au foyer. « Nous devons désormais prendre ces emplois à notre charge ce qui grève encore un peu plus notre budget. L’association compte quatre salariés », confie le président Ronan Dolain. La crainte qui se profile, sans avoir la maîtrise sur l’échéance, est la revente de l’hôtel qui impliquerait le déménagement de l’association. Pour aller où et à quel prix ? D’un côté le budget est contraint et de l’autre, dans l’intérêt des équipages, le foyer doit rester en centre-ville.

Un sujet consensuel

L’horizon n’est pourtant pas complètement bouché. D’abord parce que la France a ratifié la convention internationale relative au bien-être des gens de mer qui induit l’organisation de l’accueil portuaire des marins en escale. Cet engagement doit être tenu. À l’échelle locale, l’AHAM est assuré d’un soutien unanime tant des politiques que de la communauté maritime et portuaire. « Il existe un réel consensus autour de notre activité. Cela ne règle pas tout mais cela reste rassurant ». Les élus, toutes obédiences confondues, ont interpellé les instances de l’État au plus haut niveau. La prise de conscience semble collective en apportant des aides financières. La députée Catherine Troallic a donné une subvention de 3 000 € prise sur sa réserve parlementaire. « J’ai souhaité soutenir l’action de ces bénévoles à la fois discrets et efficaces. Au-delà du don, il y a la démarche politique qui montre que nous sommes attachés à la mission menée par l’association ». Ce sont des signes évidemment encourageants mais ce qui manque le plus aujourd’hui aux membres de l’AHAM, c’est un minimum de visibilité. « Nous n’avons aucune indication sur la pérennité de nos ressources ni sur les possibilités de relogement ». Autant de questions fondamentales qui ont animé les débats lors de la dernière assemblée générale du début de semaine.

Actuellement, l’association fonctionne avec un budget de 60 000 €. Un budget qui pourrait s’envoler si elle devait se reloger à ses frais et prendre à sa charge les investissements notamment l’achat des véhicules qui permettent d’aller chercher les marins sur les terminaux.

ST. R.

Au terme de l’assemblée générale, Ethel M’Packo, le trésorier de l’association, a reçu les insignes de chevalier du Mérite maritime. Paul Scherrer qui a récemment quitté ses fonctions de directeur adjoint du Grand port maritime du Havre, lui a remis la distinction. « Depuis 2009 vous militez avec efficacité, voire opiniâtreté pour améliorer l’accueil des marins en escale au Havre. Vous êtes ainsi l’un des principaux initiateurs de l’extension de cet accueil aux marins des navires de croisière. Comme trésorier de notre association, vous veillez à faire rentrer le maximum de recettes mais surtout vous faites en sorte que les dépenses soient les plus légères possibles. D’autre part, vous n’hésitez pas à mettre la main à la pâte et faire du bricolage efficace pour améliorer notre Seamen’s club. (…) C’est donc tout à fait normal que vous ayez été promu dans l’Ordre national du Mérite maritime ».

 Source: www.paris-normandie.fr