Les marins quittent enfin le port [Tarnos]

C’est au son du txistu et de l’accordéon que les marins du « Guimaraes » ont été accueillis au Seamen’s club-Escale Adour de Tarnos afin de fêter leur départ. (photo Bertrand Lapègue)

C’est au son du txistu et de l’accordéon, entonnant « Itsasoa dugu maite », « Ene Pottolo », et bien d’autres chants populaires du Pays basque que les marins du « Guimaraes » ont été accueillis au Seamen’s club-Escale Adour de Tarnos afin de fêter leur départ. Bloqué depuis le 16 juillet 2012 dans le port de Bayonne, Viktor, le capitaine, était « very happy » (très heureux) d’avoir les billets de TGV et d’avion en poche pour regagner Arkhangelsk, en Russie, à l’embouchure de la Dvina, à 25 km de la mer Blanche et à 990 km au nord de Moscou.

Lorsqu’on lui demande ce que cela lui fait de quitter le navire, il répond sans hésitation : « Je préfère ma femme, mais je vais regretter les Bayonnais. » La chaleur des étreintes entre les bénévoles et le marin en dit long sur la reconnaissance et les remerciements aux bénévoles d’Escale Adour et tous ceux qui les ont aidés.

Onze mois à Bayonne
Serguei, le chef mecano, rejoint sa fille de 25 ans à Petrozavodsk à 700 km au nord de Moscou. Pour faire honneur à ses hôtes à l’occasion du pot de départ il s’est endimanché et, avec quelques mots d’anglais, a qualifié d’exceptionnelle l’hospitalité bayonnaise. Depuis qu’il navigue, c’est la quatrième fois qu’il vit une telle affaire mais jamais il n’a connu de foyer comme Escale Adour et des bénévoles comme à Bayonne et Tarnos.

Alexander, le second, a préféré rester à bord se préparer pour le grand départ mercredi pour Kaliningrad au bord de la mer Baltique.

Joie et amertume
Interrogé sur l’émotion provoquée par ce départ, Mikel Epalza, aumônier de la Marine et bénévole au foyer, à l’occasion également joueur de txistu, estime que pour ces trois marins, l’essentiel est de « retrouver leur salon, leur épouse, leur famille. S’il y a beaucoup de joie, il y a aussi un peu d’amertume : après plus de onze mois passés à Bayonne, ils ne reviennent chez eux qu’avec un petit pécule versé par l’AGISM (Association de gestion des instituts sociaux des marins). On constate les conséquences du libéralisme international et on peut avoir une certaine amertume de n’avoir pas construit une société plus juste ». En leur nom et celui de l’association, Mikel a dit un grand merci au monde maritime, à la Banque alimentaire, aux bénévoles et a conclu : « Ils laissent une famille et vont retrouver la leur. »

Sud Ouest
Par Jean-Yves Ihuel